Hier, une trentaine de camions de forains mĂ©contents a dĂ©filĂ© en centre-ville tandis qu’en coulisses, des nĂ©gociations aboutissaient finalement Ă un compromis.
Ils l’avaient promis. Ils l’ont fait. Entre klaxons et embouteillages, une joyeuse pagaille a gagnĂ© le cÂur de Biarritz hier matin lors de l’opĂ©ration escargot des forains en colĂšre. Sur les pare-chocs de leurs poids lourds, des banderoles rappelaient leurs revendications : « Touche pas Ă ma fĂȘte ! », « Les forains, des commerçants comme les autres. »En cause, l’annulation de la traditionnelle fĂȘte foraine qui se dĂ©roule chaque annĂ©e sur le parking de l’hippodrome des Fleurs dans le cadre de la Saint-Martin (lire notre Ă©dition de vendredi). L’emplacement est actuellement occupĂ© par les commerçants et clients des halles provisoires Kennedy. Et aucun accord n’avait pu ĂȘtre trouvĂ© sur un lieu de substitution.
36 camions en boucle
« Mais pourquoi ne pas nous installer ailleurs ? », hurlait donc hier matin Thierry Bruch depuis la fenĂȘtre de son poids lourd. Ă la tĂȘte du convoi, composĂ© de plus d’une trentaine de camions, le forain a plutĂŽt bien fait passer le message. Il faut dire qu’il a sorti l’artillerie lourde. Les forains habituĂ©s des fĂȘtes de Biarritz, mais aussi les copains et la famille, tous Ă©taient au rendez-vous : 36 camions au total, roulant au pas. « Certains sont venus de Pau et de Bordeaux et c’est pas fini ! », menaçait Thierry Bruch.
Pour tous, les mĂȘmes inquiĂ©tudes et les mĂȘmes revendications : « C’est un scandale ! Il a fallu attendre quatre mois pour obtenir un rendez-vous avec le maire qui ne nous a mĂȘme pas prĂ©venus de l’annulation de la fĂȘte foraine. Nous l’avons appris en allant boire un cafĂ© aux halles, affirmait Tony Couget, forain. C’est incorrect, on nous sucre cette fĂȘte mais il faut savoir qu’on ne touche pas le chĂŽmage, les consĂ©quences financiĂšres sont lourdes et nous avons des familles Ă nourrir. »
CoincĂ©e en sandwich entre deux camions, au volant de sa voiture, Michelle Sardigne profitait plutĂŽt sereinement du spectacle pas vraiment moyen de s’Ă©chapper. Mais cette Biarrotte, maman de deux jeunes bambins, s’est vite sentie concernĂ©e par l’affaire : « Attention, il faut bien se rendre compte du drame que je suis en train de vivre, confiait-elle le sourire aux lĂšvres. L’annulation de la fĂȘte foraine pour mes deux enfants, c’est une vĂ©ritable catastrophe ! »
Ă la NĂ©gresse, certains conducteurs ont perdu patience dans les bouchons. Mais dans l’ensemble, les Biarrots soutenaient les forains ou se contentaient de regarder perplexes le manĂšge des poids lourds escortĂ©s par les motards de la police et trois fourgons de CRS. Les camions ont tournĂ© en boucle : la NĂ©gresse, la Gare du midi, la mairie, le rond-point de l’Europe. Et ainsi de suite, pendant plusieurs heures.
Un week-end de sauvé
Pendant ce temps en coulisses, des nĂ©gociations serrĂ©es Ă©taient menĂ©es. Le prĂ©fet lui-mĂȘme intervenait. Et Ă midi, coup de thĂ©Ăątre : le maire Didier Borotra lĂąchait du lest et proposait un compromis. « Il a enfin acceptĂ© de nous rencontrer, relatait Thierry Bruch. Les nĂ©gociations n’ont pas Ă©tĂ© faciles mais il a finalement acceptĂ© de nous prĂȘter gratuitement un terrain Ă cĂŽtĂ© de l’ancien karting et de l’Atabal. Mais seulement pour ce week-end vendredi, samedi et dimanche. »
Une petite victoire dont les forains se contentent aujourd’hui mĂȘme s’ils espĂ©raient mieux. « Le maire a pris une bonne dĂ©cision, il a rectifiĂ© une situation qui aurait pu dĂ©gĂ©nĂ©rer, explique Me Claude Garcia, avocat des forains. Nous Ă©tions prĂȘts Ă saisir le tribunal administratif de Pau pour violation de la libertĂ© du commerce et de l’industrie. »
Finalement, Biarritz a eu chaud car aujourd’hui et demain, 23 camions de plus Ă©taient attendus. « Nous ne sommes pas complĂštement satisfaits mais nous mettons fin aux actions, les renforts ont fait demi-tour. » Thierry Bruch lance pourtant un dernier appel : « Rien n’empĂȘche les commerçants biarrots de nous soutenir pour prolonger ces fĂȘtes. Nous serions ravis de mettre en place des promotions et des partenariats avec eux. » Ă bon entendeur.
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