Nîmes : les forains ne sont plus à la fête !

Le rideau tiré sur la foire d’automne, une incertitude plane sur le lieu où se déroulera celle de printemps.

Dimanche, c’était la der. Si les manèges faisaient encore virevolter quelques gosses dans les airs, au sol, ce sont les forains qui avaient mal au cœur. À quelques heures de la fin de cette foire d’automne – amputée d’un week-end pour permettre l’installation du cirque Bouglione -, le blues des forains, devant la fréquentation faiblarde, se nourrissait d’une autre crainte. Une inquiétude en forme de gros point d’interrogation : “A priori, on fait notre dernière foire ici, au marché-gare (le bail arrive à son terme, NDLR), mais nous n’avons aucune idée de l’endroit où on atterrira au printemps…”, soufflait, la mine lassée, l’un d’eux derrière son comptoir.

“Là, on a l’impression d’être au cimetière…”

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Les déménagements à Nîmes, les forains y sont habitués mais le dernier ils l’ont encore en travers de la gorge. Coincés depuis 2007, entre la nationale 113 et d’anciens abattoirs, ils rongent leur frein, regardent la clientèle déserter les lieux peu à peu et certains collègues (ceux qui possèdent les plus gros manèges, lourds en charges) jeter l’éponge. “Entre ici et le Jean-Jaurès (où ils étaient installés précédemment, NDLR), c’est le jour et la nuit, affirme Daniel Mignon entre deux effluves de sucre chaud versé sur les chichis. Les Nîmois, ici, ils n’ont jamais trouvé leurs repères, on a essayé de créer une animation, mais ce n’est pas aussi intéressant. On n’ouvre pas tous les jours, ce n’est pas la peine. Alors qu’en centre-ville, on avait du monde à la sortie des écoles. Moi, je pense qu’il faut revenir aux traditions, aux foires dans la ville.”

Remontés

Daniel Mignon, le nostalgique, ne perd pas espoir de regagner le cœur de la ville et soigne la forme. Pierre Mutter, lui, montre un peu plus les dents au pied de sa chenille croqueuse de Magic Pomme. “Ici, on gagne pas notre vie ! On a fait un effort en attendant que la mairie nous propose autre chose. Alors moi, je veux bien partir mais certainement pas pour aller encore plus loin. Là, on a l’impression d’être au cimetière, mais si on nous envoie au mas des Noyers (ce qui leur avait été proposé il y a dix ans, NDLR), c’est l’incinérateur. Il ne restera plus rien de nous !”

De rumeurs (lire ci-dessous) en vague à l’âme, les forains étaient remontés dimanche. Jean-Charles Ferrari, propriétaire de la Boîte à Rire, avait plutôt le cœur à pleurer. “Si la Ville ne nous fait pas une bonne proposition, on fera comme à Rouen (1), je vous promets. On se mobilisera et on bloquera Nîmes ! Vous savez, mes enfants ils vont reprendre après, c’est notre vie, c’est leur vie, alors on lâchera rien.”

(1) Mardi dernier, des forains ont bloqué les accès à Rouen pour protester contre la délocalisation hors du centre-ville de leur foire annuelle.

La Ville étudie des pistes de réflexion…

Si les forains sont à peu près sûrs (et pour certains émettent le souhait) de quitter le marché-gare, au service foires et marchés de la Ville, rien ne semble acquis. “Certes, on arrive au terme du bail sur ce terrain (loué par la municipalité à la société Gadéa, NDLR), mais rien n’est clairement défini et ce ne sera peut-être pas la dernière foire au marché-gare, le bail peut être renégocié…” Resteront, resteront pas au marché-gare ? Le sujet n’est donc pas tranché. Cependant, à quelques mois de la fête de printemps (fin février) qui rassemble plus d’une centaine d’attractions, la municipalité affirme “mener des réflexions pour trouver un terrain plus en adéquation avec les attentes des forains et permettant de pérenniser la ou les foires”, mais reste avare en détail “pour ne pas alimenter de fausses idées ou de faux espoirs”. Seule confirmation, la fête foraine ne reviendra pas dans le centre-ville “essentiellement pour des questions de surfaces nécessaires aux gros métiers (manèges, NDLR)”.

Assurant que rien ne serait avancé “sans avoir consulté les forains et leurs syndicats”, la Ville évoque aussi la possible suppression de la foire d’automne “qui est à la peine” pour remuscler celle du printemps en la prolongeant. Autre incertitude, celle qui plane sur la prochaine (petite) fête foraine de la feria de Pentecôte. À cause des travaux, elle ne pourra se déployer autour des boulevards. “Mais nous cherchons des solutions car nous n’avons pas l’intention de nous passer des forains”.

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